Il était une fois, un homme qui avait eu un abcès au bras et s’était peiné à le crever. Il avait même utilisé une aiguille pour y arriver, mais en vain ! Il s’était rendu à l’hôpital, mais l’abcès avait toujours refusé de se crever. Dépité, il avait rebroussé chemin. Une fois rentré à la maison, à sa grande surprise, l’abcès s’était curieusement crevé de lui-même. Trois enfants en étaient sortis : l’un s’appelait Wenou Sibê, l’autre s’appelait Wenou Ribê, et la dernière s’appelait Sharayib. Il avait alors dit à ces nouveaux enfants, nés de son abcès, de rester à la maison le temps qu’il aille leur chercher de quoi manger. Il leur avait également intimé l’ordre de fermer hermétiquement la porte et de ne l’ouvrir que lorsqu’il serait de retour et qu’il déclamerait cette chanson :

“Wenou sibèèèèè
Wenou ribè
Wenou rabayib
Chakhalin guellibè
Abàali sibè
Abàali ribè
Abàali rabayib
Chakhalin guellibè”

Il leur avait dit que s’ils écoutaient cette chanson, ce serait lui. Sinon, ils ne devaient ouvrir la porte à personne d’autre. L’homme était alors parti.

Un lion embusqué avait saisi l’instruction donnée par l’homme à ses enfants. Il avait mémorisé la chanson et, dès que l’homme était parti, il s’était approché de la porte et avait déclamé la même chanson d’une voix rauque et mugissante :

“Wenou sibèèèèè
Wenou ribè
Wenou rabayib
Chakhalin guellibè
Abàali sibè
Abàali ribè
Abàali rabayib
Chakhalin guellibè”

Bien que la chanson ait été déclamée correctement, les enfants avaient su que la voix n’était pas celle de leur père et avaient donc refusé d’ouvrir la porte. Le lion, déterminé, avait repris la chanson en ajustant sa voix au plus près de celle de l’homme qu’il avait entendu chanter pour ses enfants. Cette fois-ci, les enfants étaient tombés dans le piège et avaient ouvert la porte, croyant que c’était leur père qui était de retour. Dès qu’ils avaient ouvert la porte, le lion les avait tous engloutis.

Quand le père était enfin revenu, il avait déclamé la chanson, mais personne ne lui avait répondu. Après plusieurs tentatives vaines, il avait décidé de défoncer la porte. Une fois à l’intérieur, il avait constaté que ses enfants n’étaient plus là. Il avait su instinctivement qu’un animal les avait dévorés.

Il avait fait rassembler tous les animaux de la forêt et leur avait demandé de lui recracher ses enfants et, en contrepartie, il leur avait promis de leur donner à manger. Il s’était d’abord adressé à un chat, celui-ci avait nié avoir mangé les enfants, arguant que sa gueule était si petite qu’il lui était impossible d’avaler trois enfants.

Ensuite, c’était au tour du lion. L’homme lui avait demandé de recracher les enfants, sinon il lui tordrait le cou. Le lion, voulant ouvrir sa gueule pour nier avoir mangé les enfants, avait aussitôt laissé sortir des voix du fond de sa gorge qui semblaient émaner de ses entrailles :

“Wenou sibèèèèè
Wenou ribè
Wenou rabayib
Chakhalin guellibè
Abàali sibè
Abàali ribè
Abàali rabayib
Chakhalin guellibè”

Ce sont les enfants qui avaient chanté depuis les ventre du lion. Trahi, le lion les avait immédiatement recrachés. Les enfants avaient accouru vers leur père et lui avaient fait de gros câlins.

Ainsi, le père et ses enfants avaient vécu heureux, protégés des dangers de la forêt grâce à leur courage et à leur perspicacité.